Le petit tour de France d'un grand enfant

A la manière de … G. Bruno*


Soigneusement chargé pour son long périple sur les routes de France, c'est à la petite gare Saint Agne que Xavier chargea son beau vélo rouge, pour rejoindre en train Bayonne, l’extrémité Sud-ouest de notre beau pays. Ce frais matin du mois de mai 2016, le soleil qui se levait à peine vint illuminer d'orange les sommets des Pyrénées, marquant ainsi nos frontières d'une ligne de feu. Arrivé à Bayonne, Xavier abandonna définitivement ce beau moyen de locomotion qu'est le train pour enfourcher le solide vélo qui allait le transporter durant son grand voyage. A peine sorti de la gare, ses yeux furent émerveillés par les couleurs chatoyantes des maisons qui bordent la Nive, puis par ces belles « Etchés » basques si bien tenues, à l'image de leurs habitants, énergiques travailleurs.

Longeant les interminables dunes du Golfe de Gascogne, il lui fallut cinq jours pour traverser l'immense forêt landaise, un paysage créé depuis seulement 150 ans par l'énergie et l'ingéniosité des hommes, grâce à la détermination de l'entreprenant Napoléon III pour valoriser cet immense territoire autrefois pauvre et insalubre.

La traversée de la Gironde l'amena en Charente puis en Vendée. Rochefort et La Rochelle le firent plonger dans la fabuleuse histoire maritime du Royaume de France ; il traversa les célèbres parcs à huîtres de Marennes, dévoilant ainsi le secret des succulents coquillages qu'il peut trouver sur les marchés de Toulouse. La nature se montrait exubérante dans ces marais vendéens lors de ce beau mois de mai : des centaines d’espèces d'oiseaux occupés à soigner leurs nichées, foisonnement de fleurs multicolores bordant des étangs poissonneux, grands arbres verdoyants le long des multiples canaux. Les vasières de la morne baie de Bourgneuf lui semblèrent plus accueillantes pour les oiseaux limicoles et les éoliennes que pour les touristes.

Ce fut ensuite la Loire, ce fleuve royal, qui fut le cadre enchanteur du périple de Xavier : après un estuaire aménagé pour les constructions maritimes qui font la fierté de Saint Nazaire et pour le commerce avec la grande ville de Nantes, la Loire révéla ses joyaux : célèbres châteaux qui fascinent le monde entier, villes prestigieuses bâties de de tuffeau, cette belle pierre blonde extraites des coteaux de Loire, mais aussi forêts alluviales qui hébergent mille et mille espèces végétales et animales ; sous ces cathédrales de verdure, Xavier , tout en pédalant, profita ainsi de plusieurs concerts quotidiens exécutés par des milliers d'oiseaux.

Il longea les centrales nucléaires de Chinon, Saint Laurent, Dampierre, Belleville, des œuvres colossales de l'ingénierie française, dont bénéficient des centaines de milliers foyers français pour leur confort moderne.

Il s'enfonça ensuite dans le Nivernais, au cœur de la France : immenses étendues agricoles, élevages bovins de grande renommée, bâtiments prestigieux, images d'une France créative, riche et artistique.

A Digoin, il quitta la Loire pour contourner les coteaux de Bourgogne par le canal du Centre, témoin d'une époque où le transport par voie d'eau était le seul permettant de transporter de lourdes charges, évitant ainsi les pentes. A Chalons, il retrouva la Saône, cette calme rivière qu'il avait bien connue lors de son enfance lyonnaise ; il la longea jusqu'à Saint Jean de Losne, admirant ainsi les grands ouvrages d'art, barrages et écluses, qui rendent son cours navigable. Ce fut alors le « vieux » canal du Rhône au Rhin qu'il suivit pour atteindre le Doubs à Dôle, dans le cadre serein et verdoyant des canaux français, sous des cieux souvent humides, propices à une végétation verdoyante.

L’étonnante cité de Dôle, par ses bâtiments historiques, lui fit réviser quelques pages remarquables de l'histoire de France. Elle le mit ainsi sur les traces de Louis Pasteur, qui libéra l'humanité de la rage et d'autres terribles maladies.

Longeant la pittoresque vallée du Doubs, il atteint la grande ville de Besançon, citadelle Vauban, mais aussi joyau de l'architecture du XVIIIème siècle ; Xavier fût sidéré devant le nombre et la beauté classique des multiples hôtels particuliers qui constituent le centre de cette florissante capitale régionale, longtemps place forte stratégique.

Il poussa ensuite son voyage vers le nord jusqu'à Belfort,autre citadelle Vauban, haut lieu de la résistance à l'envahisseur prussien, preuve du génie et de la détermination de nos valeureux ancêtres.

Il choisit ensuite de repartir vers le Sud en contournant le Jura par l'Est, c'est à dire par la Suisse voisine ...


*G. Bruno, « Le tour de France par deux enfants », livre de lecture du cours moyen, de 1877 à 1950

téléchargeable sur Gallica